Aperçu historique

 Aperçu historique

UNE PRESENCE HUMAINE DEPUIS 15.000 ANS
     La wilaya d’Ain Témouchent est habitée depuis au moins 15.000 ans. Cette présence humaine millénaire est marquée par les stations préhistoriques retrouvées autour de Hammam Bouhadjar, Ain Témouchent et sur les rives de l’Oued El Malah.

SUFAT
     Plusieurs siècles avant notre ère, à l’emplacement de l’actuelle   Ain Témouchent, il existait des petits groupes de familles descendants des caspiens et des Mechtas. Quelques tentes et quelques cabanes construites en végétaux et en terre formaient la première cité après les grottes de la région et les anciens campements à ciel ouvert.
     Un de ces villages était érigé à la place des jardins actuels d’Ain Témouchent le long de l’Oued Senane et a pris le nom de Sufat. Ce nom a été contesté par les archéologues, attribuant le nom de Safar à ce village. Il semblerait que le nom de Sufat correspond à l’agglomération et le nom Sufar représente l’actuelle région Témouchentoise. La population se composait de descendants de caspiens et de Mechtas. Elle était entièrement composée de Berbères Zénata ou Zénètes. Cette indication est rapportée par l’historien Ibn Khaldoun, qui dit « l’histoire des Zénata dans cette partie du Maghreb, commence immédiatement après l’apparition de la race berbère dans cette région ».
     Au milieu de ces berbères et leurs descendants, des familles carthaginoises s’installèrent à Sufat. Cette présence carthaginoise a été confirmée par la découverte de vestiges enfouis dans le sol de la ville d’Ain Témouchent durant la période coloniale. On note également la découverte des vestiges d’un cimetière Païen du deuxième siècle avant notre ère.
     Après les carthaginois d’autres hommes sont venus du Sahara. Ainsi, les Mechtas, les Caspiens et les Sahariens constituent les ancêtres des berbères Zénata de Ain Témouchent et ses environs.
     Cette région fut envahie par la suite par les Romains et Sufat s’effaça devant "PROESIDIUM SUFATIVE ".
     Cette invasion Romaine remonte à la fin du premier siècle. Les soldats de la Xe Légion romaine occupèrent Sufat et édifièrent d’imposantes constructions militaires pour assurer la défense de la région de Sufat par les berbères du IXe siècle.
     L’appellation actuelle remonte aux berbères M’ghraous du XIe siècle. Le passage de cette troupe militaire a été confirmé par la découverte en 1905 à Ain Témouchent d’une épitaphe de Junius Capito qui était soldat de la Légion X Gémin. De même en 1949 des ouvriers terrassiers mirent à jour le squelette d’un soldat romain.
     Parmi les temples construits à cette époque on note, l’édification du Tanit avant 119, puis en l’an 190, les berbères avaient construit le temple « Diana Agusta Maurorum ». Ce temple contenait une statue de la déesse ou des fragments avaient été découverts en 1890 à Ain Témouchent.
     Le PROESIDUM SUFATIVE devenu une grande cité à partir du troisième siècle et sera désignée plus tard sous le nom romain d’ALBULAE.
      L’existence des routes, découlerait sûrement d’une activité économique importante. En effet, il a été confirmé que dés la fin du troisième siècle Albulae était un grand marché de céréales et un centre de production d’huile. De nombreux matériels liés à l’activité de production d’huile ont été découverts durant la période coloniale notamment de grandes jarres ayant servi à stocker l’huile.
     Au quatrième siècle, il y avait, à l’emplacement de l’actuelle mosquée ex : Basilique Saint Laurent, mitoyen avec l’actuel jardin public, une importante huilerie. Une autre huilerie antique a été aussi découverte en 1952 par un colon en creusant son jardin. Ces découvertes se rapportant au cinquième siècle, permettent d’affirmer que cette industrie était florissante. De même, la culture de la vigne était aussi pratiquée par les romains dans cette région.
     A ce sujet, le journal de l’époque coloniale « l’Echo d’Alger » daté du 3 Avril 1956, relate la découverte à Ain Témouchent, au niveau de la rue ex Bugeaud et à une profondeur d’un mètre, d’une grande jarre de deux mètres de hauteur et d’un orifice de cinquante centimètres de diamètre à sa partie supérieure. Cette jarre est similaire à celle des ruines de Pompei et qui servaient à contenir du vin au frais.
    Cette culture a été freinée par Rome qui encouragea la culture des céréales qui était nécessaire à l’empire.
     Parmi les cultures citées plus haut, la principale culture de l’époque était l’olivier, qui était un produit essentiel pour production de matière grasse nécessaire à la cuisine antique et son utilisation comme mode d’éclairage.
     Au Veme siècle, le déclin de la cité fut la conséquence de celui de l’empire Romain.
ALBULAE APRES L’OCCUPATION ROMAINE
     Jusqu’en 442, les vandales étaient maîtres de la région, sans exercer une domination effective. A partir de 442 à 455 la province revint au pouvoir de l’empereur romain d’occident. Cette présence a été confirmée par la découverte d’épitaphes datées de 449 à 455.
     Selon certaines observations ; il apparaît que la cité romaine a été détruite vers le 7ème siècle par un tremblement de terre. Ainsi fut la fin d’albulae qui aurait pu, à l’exemple de Cherchell où Jamila nous offrir encore aujourd’hui de nombreux témoignages de son glorieux passé.
     Cependant, des ruines existaient jusqu’en 1846, de grandes pierres carrées entassées çà et là, des pans de murailles encore debout avec des portes des seuils et des dalles.
     Toutes ces ruines ont disparu sous les constructions réalisées durant la colonisation. Il semblait qu’un plan des ruines a été levé en 1858 sur lequel figurait un cimetière païen au Sud, et un autre cimetière situé au Nord qui est traversé actuellement par l’avenue qui conduit à la gare. De nombreuses pierres de taille servirent à tous les travaux militaires ainsi qu’aux constructions particulières des colons français.

LE LITTORAL TEMOUCHENTOIS DANS L’HISTOIRE DE LA MEDITERRANEE :
     Quatre vingt (80) Kms de côte avait  un rôle extraordinaire dans le bassin méditerranéen. En effet que ce soit les phéniciens,  les Carthaginois, les Romains et plus tard les Espagnols, les Turcs et les Français, c’est par la Méditerranée qu’ils ont tenté d’occuper le pays. 20 siècles avant notre ère, les Crétois des îles méditerranéennes orientales puis Mycéniens de la presqu’île Grecque sillonnaient la mer échangeant leur production avec les populations du grand Maghreb.
     En réalité, le niveau de développement de la navigation maritime ne permettait pas de faire des grandes croisières en pleine mer. Les petites embarcations en bois cabotaient de cap en cap le long du littoral Algérien.
     Ce sont les carthaginois qui marquèrent le plus le littoral Témouchentois lorsqu' en 650 avant J.C ils créèrent un comptoir dans l’île de Rachgoun. Ils profitaient ainsi, d’un abri avec l’eau douce de la Tafna, navigable à cette époque sur plusieurs kilomètres.
     Le commerce commence alors à se développer avec la population locale. Takembrit, dans l’embouchure de la Tafna, prit de l’ampleur. Sur le même site, Siga fut construite pour devenir capitale d’un royaume Berbère très vaste. C’est donc au 3ème siècle avant J.C que Syphax créa le royaume des Masseyles qui allait de la Moubaya jusqu’à Cirta. Il avait à l’Est le territoire des Massesyles et de Carthage, à l’Ouest celui des Maures.
     En l’an 2006 avant J.C après la 2ème guerre punique, Siga fut le siège d’une « conférence au sommet ».      En effet, Syphax recevait en même temps et pour la même cause deux adversaires farouches : le Romain Scipion l’Africain, et Hasdrubal le Cartaginois. Bien que les deux ennemis étaient venus demander alliance à Siga, qui restait en dehors des conflits, Syphax réussit à réunir autour de la même table les deux généraux de deux plus puissantes nations du monde de l’époque.
     La fin du règne des Massesyles fut la cause de bouleversements ethniques très importants dans la zone. Vers 140 de notre ère, les premiers envahisseurs sont refoulés de la Moulaya. Ce sont les Maghraoua, les Oulhaça qui seraient venus de Syrthes (Méditerranée orientale), déjà au début du 6ème siècle avant notre ère, ils se sont implantés d’abord aux environs de Ain Tolba où il y aurait eu une ville berbère ou punique (cap Oulhaça).
    L’implantation Romaine dans le Maghreb remonte aux environs de l’an 50. A cette époque, le Maghreb était divisé en Mauritanie césarienne (Cherchell) et Mauritanie Tingitane. Siga était une ville Romaine en l’an 70 mais elle etait pas la seule.
SUFAT devient présidium sufative.
CAMERATA est un port d’une ville près de Ain Tolba.
ALBULAE (la blanche) est le nom de Ain Témouchent.
    La route des Siga à Pomaria (Tlemcen) à Altava Ouled Mimoun    était déjà connue.La présence Romaine s’est peu être interrompue en l’an 493.
     On s’accorde à croire qu’une invasion des zénata remontant  du Sud s’avançant à travers les hauts plateaux et parviennent jusqu’au littoral eut lieu en l’an 484. « En ce temps, Oulhaça et Maghraoua se côtoyaient en se heurtant ». Siga s’est effondrée au 6ème siècle certainement après une malheureuse invasion. Ain Témouchent fut une ville punico-berbère avec des temples dont celui de la déesse « Diana Maura ».
     Cette cité antique développée par les Romains fut détruite par un incendie lui même provoqué par un tremblement de terre
LE TEMOUCHENTOIS DANS L’HISTOIRE DU MAGHREB MUSULMAN
      Les musulmans arrivent dans l’Oranie en l’an 699. Les Maghraouia qui se déplaçaient dans les plaines du chelif à la Tafna embrassèrent l’islam très tôt grâce à leur chef Soûlât Ben Ouezmar. En 711, les populations locales islamisées participèrent très nombreux pour composer l’armée de 12.000 hommes qui permit à Tarik Ibn Ziad de conquérir l’Espagne.
En ce 8ème siècle, les musulmans furent les maîtres absolus des routes menant à l’Afrique occidentale, le principal producteur de l’or de l’époque. Lorsque Idriss prend possession de Tlemcen, Archgoul, l’Antique Siga renait  en tant que port de Tlemcen. Ce fut la ville la plus importante du littoral entre Nekour du Maroc et Cherchell puisque Oran ne fut fondé qu’en l’an 902 par des marins Adalou.
     C’est à cette époque que la région connut un mouvement de population intense. En effet, les Medionnas qui habitaient les monts des Traras se réfugièrent dans la Dahra.  Ain-Témouchent réapparaît pour devenir « Ksar Ibn Sinan point fort en silos et magasins de la famille Sinan des Béni Mesghen.
     Les Aghlabites de Kairaouane, les Rostomides de Tahert tentèrent  plusieurs fois de conquérir Tlemcen pour s’approprier le commerce florissant avec le grand sud. A partir de 909 ce sont les  Fatimides qui s’emparent de Kaïraouane de Tahert et Sajilmassa, le grand centre caravanier du Sud Marocain. Les nomades furent repoussés vers le Sud. Archgoul fut détruire alors en 1019. Au début de ce millénaire ce sont combat, pillage, dépossession, luttes qui déchirent le maghreb.
     La wilaya d’Ain Témouchent fut une véritable zone de transit des troupes de Fès, de Tunis, de Tlemcen qui à l’aller comme au retour détruisaient tout sur leur passage. Abdelmoumen a mené des guerres dans tous les fronts durant 30 ans en vue d’unifier le Maghreb. En 1163 il préparait une grande expédition vers l’Espagne……….
     C’est Honain qui prenait la place d’Achgoul. Plusieurs tentatives eurent après sa mort. Celle de Benghania causera beaucoup de dégâts.
     Au 13ème siècle, Yaghmouracen avait besoin d’une armée pour protéger sa capitale contre les convoitises de l’Est et de l’Ouest. C’est dans les Béni Ameur venus auprès de Ain-Témouchent au XIème siècle qu’il trouva les hommes qu’il recherchait.
L’OCCUPATION ESPAGNOLE ET TURQUE
     C’est en 1505 que les Espagnols s’emparent de Mers El Kebir. En 1548 l’occupation Espagnole va de Mostaganem jusqu’à Rio Salado « Oued El-Malah ». Pendant cette période, et précisément en 1515, Baba Arroudj vint au secours de Béjaia et entre à Tlemcen en 1517. Les Espagnols débarquent 2.000 hommes à Rachgoun, et avec l’appui d’une autre colonne guidée par Abou Hamou pour assiéger Tlemcen le Mechouar. Ain-Témouchent fut le siège d’une  bataille sanglante avec les occupants :
AIN TEMOUCHENT ET SON OPPOSITION A L’OCCUPATION FRANCAISE
     Très tôt, lorsque l’Emir Abdelkader débuta sa lutte, c’est chez les Béni Ameur qu’il trouva le grand appui.       C’est aussi les Oulhaça qui lui fournissent le meilleur de ses lieutenants : Sidi Bouhamida. C’est dans la wilaya d’Ain Témouchent que le général Bugeaud reconnaissait par le traité de la Tafna, le 30 Mai 1837, la souveraineté de l’Emir Abdelkader sur une bonne partie du territoire national. En 1844 commence l’exode des Béni Ameur qui poussèrent vers l’Ouest. Bugeaud décrète le séquestre de tous leurs biens particulièrement de leurs terres qui étaient des plus fertiles de la province. C’est ce qui a permis l’installation de gros colons pour la pratique de la viticulture à grande échelle.
      Le Témouchentois connut un apport considérable de population européenne qui vont changer tous les paysages de la région avec des monocultures, de fermes aux toits rouges.
 LES DESASTRES DE LA GUERRE
      L’appropriation des meilleures terres pour la pratique de la viticulture engendra un déplacement des populations vers la zone montagneuse des Tessala et des Berkeches. Ces grands espaces Algériens qui vivaient en symbiose parfaite avec les espaces steppiques puisqu’ils servaient le parcours pour les nomades du Sud, furent amputés aux mouvements de transhumance Nord-Sud. Les plus grandes transformations socio-économiques eurent lieu.
     A partir de 1954, les petits fellahs furent contraints de quitter leur demeure et leur lopin de terre. On estime à 25.000 personnes  les habitants ayant élu domicile au niveau  de la zone éparse. Ces ruraux ont été dirigés vers les villes d’Ain Témouchent (quartier Moulay Mustapha), Sidi Bel Abbés (quartier de l’Emir Abdelkader).
      Dans toutes la montagne, aux Berkeches, dans la plaine, la résistance s’organisait (réunions politiques, ravitaillement, hébergement, collecte, caches d’armes). Les grèves d’ouvriers agricoles se multipliaient depuis 1945 avec le développement du syndicalisme agricole. L’absentéisme scolaire y commença en 1955 et les premières actions violentes éclatèrent d’un coup la nuit du 06 au 07 Mai 1956 : 35 fermes furent incendiées, des fermiers et gardiens tués, le bétail battu, les vignes saccagées.
Symbole le plus provocant de l’époque coloniale du Maghreb…….
"De Mai 1956 à l’été 1957, l’insurrection garda l’initiative et fut maîtresse de la compagne".
     Cependant la politique de regroupement après celle du quadrillage et des zones interdites se retourna contre ses instigateurs… la concentration des gens a facilité les collectes des fonds, la diffusion des mots d’ordre rebelles mais beaucoup plus important elle a donné à l’ensemble de l’Algérie rurale son visage révolutionnaire.