Aperçu historique

Aperçu historique:
Par son sol fertile, les montagnes boisées qui l’entourent, la région de Bordj Bou Arréridj avait attiré l’attention de plusieurs peuples depuis les époques lointaines. Elle fut maintes fois conquise, soumise et habitée par des peuplades, venues de près ou de contrées lointaines, mais toujours pour un même objectif : profiter de ses richesses.
Quelque soit l’habitant ou l’occupant, le territoire de Bordj Bou Arréridj a été souvent le théâtre de guerres, de révoltes, de conquêtes et de reconquêtes. Depuis l’homme préhistorique, en passant par les romains, les Hammadite, les Turcs, les Beni Abbes et les français, notre région a gardé les traces de ses envahisseurs, ses conquérants, ses vainqueurs et vaincus mais surtout de ses révoltés. Des empreintes sont encore visibles par endroit, là où la main de l’homme moderne n’a pas encore causé de dégâts.
BORDJ BOU ARRERIDJ et ses environs constituent un espace historique prenant son origine dans la préhistoire. Diverses fouilles archéologiques ont mis à jours des vestiges anciens remontant à différentes époques : Préhistorique, Romaine, et Musulmane ; l’époque musulmane se distinguant par la succession de plusieurs dynasties, des Azizide,de Idrisside, des Hammadite, des Almohade, des Beni Abbes descendants des Idrisside et des turcs qui sont à l’origine du petit fortin.
Cependant, l’histoire connue, racontée et enseignée de Bordj Bou Arréridj est indéniablement liée à la tribu des Beni Abbes dont est issue la famille de l’illustre El Hadj Mohamed Ben Ahmed El Mokrani. 
La préhistoire:
La ville de Bordj Bou Arréridj et ses environs renferment des vestiges préhistoriques tels que des armes en silex, pointes de flèches et de lances ainsi que des poteries diverses, témoins de peuplement de la région aux différentes époques du mésolithique et du néolithique.
L’existence de ces vestiges témoigne de l’apparition de l’industrie lithique dans la région de Bordj Bou Arréridj sous ses diverses formes, de l’usage de la pierre pour les besoins quotidiens tels que la chasse et le refuge, et son évolution vers le néolithique où cette industrie est d’une grande précision. Ces vestiges ont été mis à jour sur des sites fouillés des communes de Taglait,Bordj Bou Arréridj, Sidi M’Barek et Ghilassa. Par ailleurs, l’écriture a été mise en évidence à travers des écrits libyens découverts à Belimour.
L’époque romaine : 
La région de Bordj Bou Arréridj comme les autres régions de L’Afrique du Nord, n’a pas échappé à l’occupation romaine. Les plus importants vestiges de cette époque concernent la ville d’El Hamadia où des fresques romaines, des chapiteaux de colonnes ainsi qu’une église ont été mis à jour. De même, les vestiges d’un aqueduc ont été découverts à Belimour et à Ouled Dahman ainsi que ceux d’une église romaine à Sidi Embarek. D’autres vestiges découverts dans les villes de Medjana et Bir Aissa témoignent de l’occupation romaine de la région. A cette époque la région de Bordj s’appelait Tamanouna.
L’époque musulmane:
Durant la période musulmane de notre histoire, deux dynasties au moins, avant la période ottomane, ont conquis et/ou régné sur Bordj Bou Arréridj.
Les plus anciens vestiges de l’époque musulmane dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj remontent à l’époque Hammadite au vu des matériaux utilisés et de l’architecture des édifices existants. Les plus importants vestiges archéologiques de l’époque qui témoignent du passage des Hammadite, concernent des fortins érigés entre 1004 et 1152 dans les régions de Tihamamine, dans la commune d’El Euch et de Taglait, au Sud de Bordj Ghedir.
La cité de Mansoura fût aussi construite et peuplée par les Hammadite, après la destruction de la Kalaâ des Beni-Hammade en 1153 par Abd- Allah, un des fils d’Abd-El-Moumen, fondateur de l’empire Almohade.
Les Almohade ont probablement laissé des vestiges dans les localités du Sud de la Wilaya, limitrophes du Djebel Maâdhid dans la Wilaya de M’Sila, telles Taglait et Bordj Ghedir.
Durant l’occupation turque, la région de Bord Bou Arréridj constituait un axe caravanier. Le plus important vestige historique de cette époque est sans conteste, l’actuel fort EL MOKRANI qui alors jouait le rôle de poste d’observation.  Un chef de troupes de l’occupation française FERRAUD, dans une contribution à l’histoire de l’Est Algérien, affirme que les édifices ottomans rencontrés dans la ville remontent au xvème siècle dont le principal est un fort bâti près d’une source appelée Ain Bou Arréridj et qui constitue un poste d’observation et une base arrière aux troupes ottomanes. Ce fort élevé par les turcs sur des restes d’un édifice romain était construit sur un rocher abrupt, dominant toute la plaine de la Medjana. A l’arrivée des Français,il était très vétuste et dans un état d’abandon.
Ce fort a aussi été utilisé par les Almohade lors de leur conquête et fut un élément du dispositif guerrier mise en place avec Taglait et Bordj Ghedir pour assiéger les Hammadite. Plus tard, le fort assurait la sécurité des caravanes commerciales sujettes à de nombreuses attaques dans la région.
La région a connu divers émirs attachés au pouvoir ottoman, à commencer par l’émir Sidi Abderrahman de descendance Idrisside, aïeul des Mokrani. Venu de djebel Ayad dans les Maâdid, il s’installa dans la deuxième moitié du xvème siècle dans la région des Bibans et se fixa définitivement dans la région des Ben Abbes au Nord-ouest de la plaine de Medjana. A la faveur de quelques événements qu’il a su traiter, les Beni Abbes lui reconnurent une autorité. A sa mort, son fils Ahmed lui succéda, fonda la Kalaâ, rehaussa l’éclat de sa famille, lui créa une puissance et se donna le titre de Roi des Beni Abbes avant de mourir en 1510.
Abdelaziz Ben Ahmed continua à jouir du royaume prospère qu’avaient fondé son père et son aïeul et leur succéda dans l’exercice de l’autorité temporelle et religieuse. Par des annexions successives, il étendit son pouvoir vers le Sud et dans tout le massif montagneux des environs. Il s’allia aux frères Barberousse auxquels il offrit des troupes lors du siège  de Bougie par les Espagnols comme il s’allia en 1552 à Salah Rais lors de  la révolte de Touggourt et Ouargla. C’est au cours de son règne, marquée par des guerres et des alliances avec l’autorité turque que furent construits par les Turcs le fort de Bordj Bou Arréridj et celui de Zemmoura constituant des bases arrières et de contrôle des mouvements de troupes.
L’avènement d’Ahmed Amokrane qui va servir de nom patronymique à ses descendants intervient à la suite d’une bataille au cours de laquelle mourût en 1559 ABDELAZIZ.  Il organisa une armée régulière, soumit à son autorité Tolga et Biskra et poussa jusqu’à Touggourt. A sa mort en 1569, son fils Sidi Nacer, lui succéda mais n’avait pas les ambitions de ses aïeux « Il n’avait accompagné son père dans aucune de ses campagnes, et sa jeunesse, entièrement consacrée à l’étude et aux exercices religieux, s’était passée dans la zaouïa de la Kalaâ. Il était d’un caractère timide et peu ambitieux… » nous dit FERRAUD.
Après l’assassinat de Sidi Nacer par les compagnons d’arme de son père, la région connaîtra des troubles et restera soumise à l’autorité turque jusqu’à l’avènement de  la colonisation française.
L’époque  coloniale:
«Situé à neuf cent mètres d'altitude sur le plateau désertique de MEDJANA, le village de Bordj Bou Arréridj n'existe pas encore lorsque, fin octobre 1839, le Duc d'Orléans, avec l'armée du général Valée, décide le bivouac au lieu-dit Ain Bou Arréridj. La colonne est en route pour Alger et doit franchir le redoutable défilé rocheux des Portes de Fer, propice aux embuscades. Les légions romaines n’y étaient jamais parvenues et les Turcs payaient une redevance annuelle pour avoir le droit de passer » raconte Francine DESSAIGNE dans « BORDJ BOU ARRERIDJ – L’insurrection de 1871.».D’ailleurs, c’étaient les Turcs qui avaient donné ce nom à ce passage étroit dans ce chaînon de montagne très rocheux. Ils l’appelaient «Demir Kapou », la porte de fer, El Bibans en Arabe.
Pendant l’époque romaine, et un peu plus tard, pour rallier Icosium(Alger) à Cirta (Constantine),les différents peuples qui ont conquis l’Algérie, empruntaient  une route située plus au Sud parallèlement à l’actuelle RN5. Elle contournait les monts des Bibans par le sud et les monts des Maâdhid par le nord. Aussi, Lemlef ou l’actuelle Bordj Ghedir a été  érigée en cité carrefour pour relier le Nord au Sud et l’Est à l’Ouest.
Après la « découverte » du passage des Portes de Fer, la distance entre les deux cités a été considérablement réduite. La « Cité carrefour », une sorte de poste d’observation a été déplacée vers le Nord, vers l’actuelle ville de Bordj Bou Arréridj. A partir de ce moment, cette situation géostratégique confère à notre actuel Chef lieu de Wilaya un rôle important dans les échanges Nord - Sud et Est - Ouest du Pays. Aussi, en qualifiant Bordj Bou Arréridj de pôle capital dans la stratégie de développement de la région des hautes plaines centrales de l’Est Algérien, nous ne faisons que réhabiliter cette cité dans son rang historique. Une manière « de rendre à César ce qui appartient à César » !
L’occupation française va s’appuyer sur les rivalités nationales et locales dans ses entreprises de conquêtes. Après le traité de la Tafna, elle soutiendra par la force les essais d’Ahmed El Mokrani pour rétablir son influence longtemps combattue et annulée par les compétiteurs imposés par Abdelkader alors rival de Hadj Ahmed, bey de Constantine qui l’avait nommé khalifat de la Medjana au détriment de Mohamed Abdeslam El Mokrani son cousin.
A la suite de la prise de Constantine, les pouvoirs coloniaux confiront le 24 octobre 1838 le commandement de la Medjana à Ahmed El Mokrani qui s’engagea à leur soumettre l’immense pays compris entre Sétif, la Kabylie et les Ouled Nail. Ce commandement sera beaucoup plus étendu que celui qu’il avait naguère et assurera ainsi la protection du flanc ouest de la province de Constantine des incursions d’Abdelkader.
Pendant l’hiver de 1842-43, des soldats du génie, à la sollicitation du khalifat Mokrani, ont projeté et commencé la construction d’une caserne sur le lieu de l’ancien fort pour accueillir le poste de Bordj Bou Arreridj. Le fortin resta tel qu’il était avec adjonction d’un saillant. Les quatre sources du ruisseau de Bou Arréridj furent amenées jusqu’auprès de l’établissement nouvellement créé.
Autour de l’établissement militaire de Bordj se créa rapidement un centre européen se composant d’environ quatre-vingt-dix maisons formant la ville. La population européenne était à cette époque d’environ trois cents personnes à la disposition desquelles mille six cents hectares de colonisation avaient été attribués.
Un commissariat civil y était créé en 1868 et le 3 septembre 1870 une commune de plein exercice était constitué à Bordj Bou Arreridj. A partir de cette date, l’expansion de la ville commença .Un marché hebdomadaire très important fut organisé et appelait beaucoup de commerçants, venus de Mansoura, M’Sila et de Beni Abbes. On y trouvait des bestiaux, des céréales et du miel en grandes quantités. Aussi, la ville Bordj Bou Arréridj était destinée, dès sa création en 1870, à devenir une « station très florissante »sur l’axe Alger- Constantine.
Fait chevalier de la Légion d'Honneur en 1861, Mohamed Ben Ahmed El Mokrani devient membre du conseil général de la province de Constantine en 1870. Le vent de la révolte  s’est levé le 8 avril 1871 à Seddouk, à la faveur de la rencontre du grand maître de la confrérie Rahmania, Cheikh Ahaddad et de Hadj Mohamed El Mokrani .Le Chef spirituel a donné la légitimité religieuse a cette révolution. Ainsi, juste après l’entrevue, El Mokrani lan­cera les tribus dans une formidable insurrection qui durera neuf mois et s'étendra jusqu'aux portes d'Alger à l'ouest et, au sud, jusqu'à Bou Saada. Les principales causes de cette insurrection peuvent être résumées dans les points suivants :
  • Application du décret CREMIEUX.
  • Installation des bureaux arabes avec leurs  nouvelles prérogatives.
  • Expropriation de familles algériennes au profit des  Colons.
Aux familles algériennes expropriées des hautes plaines fertiles de la Medjana on proposa une compensation foncière dans la région steppique du Hodna, dans l’actuelle Wilaya de M’Sila.
Mohamed El Mokrani tombera le 5 mai 1871 au champ d’honneur près de Ain Bessem à l'heure de la prière. Boumezrag, son frère fait emmener le corps à la Kalaâ des Beni Abbés où sa tombe se confond avec les autres, sans signe distinctif et l’insurrection se poursuivra jusqu'en janvier 1872. « EL MOKRANI représente la dernière grande figure d'une noblesse militaire algérienne. Sa mort marque la fin d'une conception de la vie, sinon d'une lignée, l'effacement d'un monde tandis que s'en ouvre un autre, l'Algérie vraiment françai­se construite par la IIIème République.
Les Ouled Mokrane, régis par d'autres lois, oublient bien vite les seigneurs à qui ils obéissaient pendant des siècles. Les cinq frères d'El Mokrani et son fils qui ont pris une part active à l’insurrection sont condamnés par la cour d'assises au bannissement en Nouvelle Calédonie. Ils y sont restés, à l'exception du fils qui est rentré en Algérie en 1927 » rapporte F.DESSAIGNE dans l’ouvrage précité.
Après l’insurrection, la région de B.B. Arreridj a été soumise au même régime qu’a connu toute l’Algérie. De même, pendant la guerre de libération, faisant partie de la Wilaya III historique, les enfants de Bordj Bou Arreridj ont offert d’énormes sacrifices pour l’indépendance du pays. C’est ainsi qu’il est recensé au niveau de notre Wilaya 3 700 Chahid, 6 500 Moudjahid et 5 800 ayants droit. En plus des 69 cimetières où reposent nos martyres, 73 stèles et 28 plaques commémoratives ont été érigées à la mémoire des Chouhada. Un musée du Moudjahid a été réalisé au niveau du Chef-lieu de Wilaya afin « que personne n’oublie que l’indépendance de l’Algérie est l’œuvre des sacrifices des femmes et des hommes de ce pays ».