Aperçu historique

       Les vestiges découverts font remonter la présence de l’être humain, dans la région de Djelfa, aux premiers âges de la pierre taillée soit environ 200 milliers d’années. En effet, des bifaces outils préhistoriques grossièrement taillés sur les deux faces obtenus à partir d’un galet de pierre dure et datant du paléolithique (environ 200 milliers d’années) ont été découverts aux alentours de la ville de Djelfa. Des pointes atériennes (de l’Atérien Bir El Ater au Sud de Tébessa: Faciès culturel caractéristique du paléolithique supérieur au Maghreb) ont été également découvertes, en très faible quantité, dans la région et remontent à 50 milliers d’années environ.

       Des traces de l’épipaléolithique, période intermédiaire de l’âge de la pierre entre le paléolithique et le néolithique, ont été également trouvées dans la région de Djelfa et remontent à environ 20 milliers d’années pour les plus anciennes et à 7 milliers d’années pour les plus récentes. Dans les couches archéologiques et dans les abris, des gravures rupestres datant du néolithique, période la plus récente de l’âge de la pierre, ont été également découvertes dans la région. Les plus anciennes remontent, à environ, 7.000 ans avant JC.


La préhistoire et protohistoire


       Contrairement à la création récente des agglomérations, datant de la période coloniale, la région de Djelfa prend racine même à l’aube de la préhistoire. Ain Naga, région charnière, entre Moudjebara et Messaad en est le témoin vivant avec ses bifaces  de  types achélien  remontant   au paléolithique et ses pierres datant du néolithique aux lieux dits Oued  Bou  Dhebib, Safiet  Bourenane et Hadjret Errebeg.

        Les fouilles effectuées au niveau de Ain Naga par D.Grebenant (auteur de Ain Naga : capsien et néolithique, in Lybico 1969) remontent  le peuplement de cette zone à 7.000 ans Avant l'ère Chrétienne pour l’épipaléolithique et à 5.000 ans Avant J.C (date approximative) pour le  néolithique. D’autres endroits recèlent des débris organiques et des gravures rupestres et des peintures rupestres, à savoir :
- les  débris  organiques,  caractérisés  par  des  cornes  de  buffle  antique, au niveau de Zahrez.
- les  sites  de  gravures  rupestres  sont   nombreux   et   se trouvent  en grande parite  sur  le  versant  Sud  de  l’Atlas  Saharien  dans  les zones de Boukehil, de Messaad et de Ain El Bell.   Au  Nord, ils  se  localisent  au  niveau  de khneg Taga, Qoreyqer, Zennina, Faydjet Leben, Sidi Abdellah ben Ahmed et Argoub Ezzemla.
- les   sites   des peintures  rupestres,   généralement    en   mauvais   état,  se localisent à  Zaccar   (au  lieu-dit  Feidjet  sidi  Salem)  à djebel Doum et Hadjra Mokhotma.

     


Les traces d’habitants remontant à cette ère sont inexistantes, ce qui expliquerait le caractère nomade des anciens peuplements de cette région. En raison du manque en recherche archéologique, beaucoup de gisements de surface ne sont pas inventoriés. Quant à la protohistoire, cette période est marquée au niveau de la région par des sites comprenant :

- des écritures libyco- berbère aux  lieux dits  rocher de pigeons, Oued Hesbaya,   safiat  et Baroud, Ain Naga, Oued Bouz Guina et safiet Bou Rennane.
- des chars aux lieux dits Oued Hesbaya et safiet El Baroud.
- des  chevaux domestiques aux lieux  dits Dayat Mouilah, Safiet  BouRennane, Ben  Heriz et Oued Hesbaya.
- des   dessins   représentant   des  chevaux au milieu desquels se trouvent une antilope, une autruche et un personnage ainsi qu’une transcription Libyco-berbère, au lieu-dit Safiet Bou Renane.
- des monuments funéraires : un  groupe  important de sites  à tumlus  ou bazina ont été découverts au Sud de l’Oued Djedi près de Dayat Zekhoufa. Un site à dolmen construit sur des tumulus ou des Bazina, est également découvert au Nord et au Nord-Est de Djelfa.

Les berbères et romains

      Les berbères, peuple originaire de l’Afrique de Nord, se trouvaient au niveau de la région de Djelfa depuis 1.500 ans Avant l'ère Chrétienne et étaient composés des tribus de Sinjas, Beni Ouerra et Laghouat issues des Maghraoua. Contrairement à celles du Nord du pays, ces tribus étaient indépendantes de tous les empires jusqu’à 704, date à partir de laquelle les berbères avaient embrassé l’islam. Beaucoup de sites témoignent l’existence des berbères dans la région de Djelfa:
- Les écritures libyco-berbères sur les rochers.
- Les tombes en forme de Tumulus ou de Bazina.
- Vestiges d’un village fortifié berbère (à l’état de ruine) près de Djelfa au dessus de l’ancien    Moulin à eau. D’autres ruines ont été constatées à Amourah, Amera, Beni Zeroual, Demmed, Ben Halouane (à l’Est de Tadmit), El Fedj et Bou Redim (sur l’oued Djedi).

       La région de Djelfa avait totalement échappé à l'invasion romaine. Ainsi, pour freiner les raids des Gétules et des maures, les Romains ont installé une frontière (les limes de Numidie) constituée par des forts espacés d’une quarantaine de Km. En plus du rôle défensif de ces forts, ils étaient utilisés comme base pour mener des raids.

      Suite à la grande pression exercée par les Maures et les Gétules, les Romains, sous la conduite de l’empereur Antonin le Pieux, en faisaient appel à des troupes de Germanie et de Pannonie et ont mené de 144 à 152 Avant JC une guerre dite «Guerre des Mances » durant laquelle ils ont pu repousser les nomades et ont construit plusieurs castellums.

      Le passage des romains dans la région est attesté par les vestiges de Charef et le Fort Demmed près de l’agglomération de Messaad. Par contre, la région est restée étrangère à l’influence des Carthaginois, des Vandales et des Byzantins qui menaçaient  l’empire.

      La liste des sites signalés par l'Atlas Archéologique: Le Castellum Dimidi, Redjenn Dahra et Korirein, Zenina, Ragoubet el-Guelel, Ksar el-Hajjia, Charef, Kherba Teftaf, Ain Messekka, Ain Smara, Zmila, Ain Maabed, Ain Noumsen, El-Maalba, Ben Yaagoub, Amoura, El-Bordj, Selmana, Messad, Ntsila, El-Fedj et Taadmit.

L’islamisation

        En 704, les berbères qui vivaient dans la région de Djelfa se convertirent à L’Islam. En 1049, les beni Hillal et les Sulaym (tribus arabes) furent envoyés par le calife fatimide El Mostancir, suite à la désobéissance d’El Moïzz Ben Badis Ben Mansour Ben Bologhine. A leur arrivée en 1051, ceux-ci s’empareront rapidement du pays et chasseront les tribus Zenatis de la région et les poursuivirent jusqu’au plateau du Zab. La branche connue des Beni Hillal pour ses invasions était les Athbej ayant conquis les plaines des Zab et du Hodna. A la fin du 12ème siècle, arriveront les Zoghba (ascendants des Beni Hillal et des Sahary).

       Ils prêtèrent allégeance aux Almohades à qui ils offrirent d’importants contingents de troupes, qui en contrepartie, leurs cédèrent une vaste région située plus au Nord.
      Au 13ème siècle, les Sahary, branche de la tribu Hillalienne des Nader eux même fraction des Zoghba, s’installèrent dans le Djebel Mechentel (actuellement Djebel Shary) et domineront le pays pendant des siècles. La poussée des Ouled Naïl, ainsi que la révolte de quelques-uns de leurs sujets briseront leur puissance.

       Les descendants de Sidi Naïl ne peuvent demeurer à Aïn Rich où avait vécu leur ancêtre, ils se dispersèrent dans la région accumulant les batailles jusqu’à l’arrivée des turcs. Ainsi, les tribus des Ouled Nail formèrent plusieurs fractions :
- Les Ouled Aissa, prirent possession de la plaine de Faïd El Botma puis se fixèrent au Djebel Boukhil.  
- Les Ouled Malik se rendirent vers le Zahrez.
- Les Ouled Si M’hamed.
- Les Ouled Laouar s’allièrent avec les Ouled Yahia Ben Salem occupèrent les plaines  de  Messaad,  puis  la  région  du  Maalba. Ces  deux  tribus dominèrent les tribus d’Oued Djeddi et du plateau Saharien leur permettant d’accéder vers Touggourt.

La période turque

       Le Beylik de Titteri fondît en 1547 par Hassen Pacha fils de Kheireddine avait pour limite Boughzoul au Sud et les vallées du Sebaou et d’Issers au Nord. Cette limite fut reculée en 1727 jusqu’à Laghouat. Après plusieurs révoltes des populations du sud, Le Pacha d’Alger instaura une nouvelle réorganisation civile et militaire. Ainsi, après 1775, le siège de Beylik de Titteri fut installé à Médéa. Chaque tribu dépendait directement du Bey par l’intermédiaire d’un Cheikh choisi de la tribu. Aussi, un marché du blé destiné aux Ouled Nail fut établi à Ain Barda. Les Ouled Nail versaient au Bey un impôt pour chaque achat de blé et un impôt annuel collectif. Une partie des tribus refusaient de payer l’impôt et s'étaient rebellées.
       Les vestiges de cette période dans la région sont :
- Fort Turc à Ain El Ibel
- Coupole sur la tombe de Sidi Mohamed Ben Alia située au versant Nord du Djebel Sahary à l’extrémité de la vallée de Boustania.

Du colonialisme à l'indépendance

      Avec le débarquement des Français en 1837 et la défaite des Turcs, une partie des Ouled Nail firent allégeance à L’Emir Abd El Kader et livrèrent plusieurs batailles aux français.

      La Wilaya VI, à laquelle a été rattachée cette région, notamment ses parties accidentées tel que le mont Boukahil fut ainsi le théâtre de multiples opérations militaires opposant les unités de l’ALN à celles de l’armée d’occupation.